•       Ce matin le brouillard, première forte expression de l’automne……

          Déjà mon horizon proche se pare de couleurs chaudes , là ou le brouillard a bien voulu s’estomper , mais ailleurs il s’accroche encore aux branches de la nature buissonnante , longe les coulées des grands animaux , plane au dessus des mares ou douce biche vient s’abreuver .
         Et des souvenirs des matins de brume remonte de mon passé . Je revois mon père, le fusil a la bretelle, caresser Cora , notre batarde d’épagneul et de cocker, en lui parlant doucement, en lui promettant de lui livrer lièvres et faisans .
         Son fusil a deux coups , c’est un « Saint Etienne », cette Manufacture d’Armes de Saint Etienne , qui a équipé des milliers d’hommes , simples chasseurs ou militaires . Et moi , petit para de la guerre d’Algérie , c’est encore un Mas 36 qui fût ma première arme .
         Ces matins de brume, je me revois , le carnier sur le dos , m’efforçant de suivre mon père dans un champs de betteraves…..un bruit d’aile rapide , la flamme qui sort du canon , le perdreau casse son vol, il est mort et Cora l’a déjà dans la gueule pour le rapporter a son maître……
    Par principe mon père ne tirait jamais deux cartouches sur un gibier . Quand Cora débusquait un lièvre elle s’arrêtait , regardait mon père , qui lentement levait le canon de son arme et attendait que la bête soit au moins a quarante mètres pour l’étendre d’une seule cartouche .
         Réputé meilleur tireur du village , il avait , même si cela vous semble étrange , le respect du gibier . Parfois nous cherchions vainement la blessure sur la bête . Ce n’était pas un « viandeur » il rapportait seulement de quoi faire un bon pâté et un repas avec un faisan ou des petits perdreaux .
        Mais il n’a pas fait de moi un chasseur…….sauf que mon régiment en Algérie était le 1er RCP ….premier régiment de chasseurs parachutistes……mais ma seule joie était de passer la « portière » de l’avion……pas de chasser l'homme !
         Revenant de la-bas , mon père me mit son arme entre les mains et dans le parc derrière la maison, Kim mon chien, me leva un magnifique faisan, je l’avais dans la ligne de mire , j’allait faire le « coup du roi »….mais sous le regard réprobateur de mon père , j’ai baissé le canon de l’arme…..et je n’ai jamais plus tenu une arme de chasse .
         Par contre avec ma 22 long rifle (que je n’ai pu conserver , la loi me l’interdisant) dans le fond de mon jardin , sur cible , a 10 mètres, toutes les balles du chargeur découpais le carton en un seul trou….
         Mais j’aime trop la vie pour tuer des petites bêtes …..et je suis devenu un chasseur photographique …….sans grand talent car la aussi je baisse l’appareil pour mieux admirer la « cible »
         Vive la vie et l’amour…de la nature !


    20 commentaires